Hypnose : utilisez votre inconscient, il détient les clés de votre santé

Longtemps considérée comme farfelue, l’hypnose n’a aujourd’hui plus rien de fantaisiste. Cette technique révèle désormais au grand jour – études et preuves scientifiques à l’appui – ses incroyables effets thérapeutiques sur les douleurs, les troubles cognitifs, les problèmes digestifs et même sur le diabète !

Annie Casamayou (pour Santé Corps Esprit) : Les effets de l’hypnose sur la santé sont remarquables et vous en êtes la preuve. Comment avez-vous découvert cette approche?

Isabelle David : J’étais très jeune quand j’ai découvert l’hypnose, lors d’un séminaire au Canada. Cela m’intéressait beaucoup car je voyais bien son impact en termes de compréhension de soi, de démarche pour être mieux à tous les niveaux psychologique, affectif, émotionnel, etc.

Mais c’est souvent à travers l’expérience personnelle que l’on est poussé à trouver d’autres ressources et, jeune adulte, j’ai eu un grave problème de santé, un cancer du col de l’utérus. Quand les médecins m’ont annoncé que je ne pourrai jamais avoir d’enfant, ça a été catastrophique. Leur façon de le dire était quasiment inhumaine et totalement inadaptée à la jeune femme que j’étais.

J’ai cherché alors des approches capables de m’aider à résoudre mes difficultés et à guérir. Parmi elles, il y avait l’autohypnose. J’ai suivi les traitements médicaux et, en accompagnement, l’hypnose m’a permis de gérer le contrecoup de l’annonce, le stress, l’inquiétude et les émotions, et ainsi je me suis guérie du cancer. Ça a été une très belle démarche personnelle qui a changé ma vie.

Dans mon entourage, plusieurs personnes étaient également confrontées à des soucis de santé et forcément, je me suis interrogée : comment faire pour avoir des outils pour s’aider soi-même, ne serait-ce qu’en prévention ? Comment mieux comprendre ce que l’on est en train de vivre quand on tombe malade et comment gérer le stress lié à la maladie ? Finalement, comment parvenir à être en paix avec soi-même ? L’hypnose est un outil qui apporte des réponses car elle permet de parler à notre être profond pour générer des changements au niveau inconscient.

C’est comme cela que j’ai démarré mes formations d’enseignant et de maître enseignant dans différents pays. À l’époque, il y a trente ans, l’hypnose paraissait un peu farfelue. Comme pour la méditation, on voyait que ça faisait du bien mais personne ne pouvait expliquer comment ça fonctionnait et ce qui se passait au niveau du cerveau.

Aujourd’hui, notamment grâce à l’hypnose médicale, c’est devenu une pratique solide, mieux comprise et reconnue scientifiquement.

A.C. : Comment décririez-vous l’hypnose ?

I.D. : L’hypnose est un état modifié de conscience, un pont entre le conscient et l’inconscient. Ça n’a rien de magique, chacun d’entre nous se met naturellement en hypnose plusieurs fois par jour.

Quand on conduit, quand on fait de la randonnée ou la vaisselle, ce sont des activités répétitives où l’on a la tête un peu ailleurs. Quand, à la fin d’une séance de sport, la solution à un problème émerge spontanément, c’est probablement l’inconscient qui nous a apporté l’information.

Dans l’hypnose, on ouvre donc une porte permettant d’accéder à l’inconscient afin d’y chercher les forces et les ressources nécessaires pour traverser certaines situations. À l’aide de suggestions, on s’adresse à l’inconscient pour qu’il génère les changements afin d’atteindre l’objectif que l’on s’est fixé, et c’est le fait de parler directement à l’inconscient qui agit comme un amplificateur.

Par exemple, si je dis à une personne d’arrêter de fumer, cela ne sera probablement pas suffisant pour qu’elle passe à l’acte. Mais si j’utilise cette suggestion en état de transe hypnotique, le message a beaucoup plus de puissance ; c’est ce qui va apporter la détermination dont la personne a besoin pour en finir vraiment avec le tabac.

Dans les addictions, l’hypnose est d’ailleurs reconnue comme une thérapie très efficace. J’utilise principalement l’hypnose ericksonienne, qui vient du Dr Milton Erickson, un psychiatre, et qui est basée sur l’idée que nous avons à l’intérieur de nous un énorme potentiel. C’est vrai, nous avons tous beaucoup appris au cours de la vie, mais les informations qui ne nous sont pas utiles au quotidien sont reléguées dans notre inconscient.

Alors, lorsque j’ai à résoudre un problème, par exemple un conflit relationnel avec un collègue, je m’adresse à mon inconscient car, dans le passé, j’ai déjà vécu des conflits de ce genre et j’ai su les résoudre. J’ai en moi les capacités nécessaires pour y faire face mais j’ai besoin de l’hypnose pour réactiver les stratégies et les compétences.

Cet accès à tous nos potentiels cachés explique que l’hypnose puisse être utilisée dans de très nombreux contextes : dans le domaine de la thérapie, de l’accompagnement, de l’apprentissage, de la santé, etc.

A.C. : Ce qui fait souvent peur dans l’hypnose, c’est l’idée que l’on va être manipulé et que l’on perd le contrôle. Comment pouvez-vous nous rassurer ?

I.D. : C’est tout à fait normal d’avoir peur quand on ne sait pas ce qui va se passer. Si une personne est inquiète, il est indispensable de commencer d’abord par travailler là-dessus, sinon elle ne sera pas à l’aise et peut être qu’elle n’entrera même pas en état d’hypnose. Il faut savoir que tout le monde est hypnotisable puisqu’il s’agit d’un état naturel, par contre il faut être vraiment en confiance pour se rendre sensible aux suggestions venant d’un tiers.

” De nombreuses études ont démontré que lorsque les gens vivent des sessions d’hypnose, ils consomment moins de médicaments. “

C’est au thérapeute de poser des questions, de savoir pour quel motif la personne consulte, si elle a déjà eu des expériences et si elle a des peurs. Ensuite, il doit prendre le temps de bien expliquer le déroulement de la séance. Si la personne est inquiète, on ne doit pas la mettre tout de suite en état hypnotique, on peut lui proposer d’abord une séance de relaxation de façon à commencer à créer une relation de confiance. Certaines personnes ont besoin de beaucoup de contrôle et il arrive que l’on ait besoin parfois de plusieurs séances avant de passer à l’hypnose proprement dite.

Un autre point qui est essentiel à mes yeux, c’est de mettre en place des fusibles de sécurité. C’est-à-dire que je vais demander au conscient de la personne de rester éveillé et présent tout le long de la session, je lui dis qu’il garde le contrôle et que, si jamais je disais quoi que ce soit qui ne soit pas approprié, il le transforme et change les mots pour que cela devienne bon et souhaitable pour la personne. J’ajoute qu’il doit revenir de suite et se réveiller si jamais il y avait un quelconque problème. C’est ce type de fusibles que l’on doit installer avant une session qui fait toute la différence. Ils font référence au concept de l’autorité intérieure : « c’est toi qui gardes le contrôle, c’est ton autorité à toi, je fais juste des suggestions, et si ces suggestions te conviennent, tant mieux, si elles ne te conviennent pas, ne les prends pas car ce n’est pas le but ». Ce que je souhaite aussi, c’est que les gens apprennent à faire des sessions eux-mêmes. Je n’adhère pas du tout à l’idée de prendre le pouvoir sur quelqu’un, au contraire, il faut donner le pouvoir à chacun et lui enseigner comment il peut faire. L’autohypnose est un outil formidable, donc je montre à la personne comment elle peut le reproduire chez elle par la suite afin qu’elle devienne autonome. C’est mon objectif, que chacun se prenne en main et soit capable de gérer son bien-être et sa santé lui-même dans la mesure du possible. Si chaque personne pouvait avoir les outils adéquats pour s’autogérer mieux, ce serait génial !

A.C. : L’autohypnose s’apprend facilement ?

I.D. : Oui, c’est très facile. Je recommande de faire d’abord une session avec un professionnel, déjà tout simplement pour savoir si cette approche nous convient. Ensuite, l’avantage de l’autohypnose est qu’on se fait du sur-mesure et qu’on obtient de très bons résultats. C’est très simple comme technique, il existe des livres et des formations en autohypnose qui durent deux ou trois jours et qui sont spécialement conçues pour apprendre à bien gérer son stress, pour savoir comment contourner ses résistances, ou activer des forces intérieures pour traverser des situations difficiles. Par contre, si on ne le fait qu’une fois, ça n’aura qu’un impact modéré. Il faut pratiquer régulièrement pour obtenir de vrais bénéfices, c’est une compétence qu’il faut muscler. Ensuite, ça devient tout naturel, et même une pratique régulière de seulement cinq minutes permet de laisser la place à l’inconscient pour qu’il s’exprime et qu’il donne des conseils quand on en a besoin. Ceci dit, l’autohypnose n’est pas toujours suffisante. Il est évident que pour un toxicomane, l’autohypnose peut l’aider à gérer son stress, mais cela ne va pas lui permettre de résoudre son addiction, là il faut un bon accompagnant qui pourra appliquer des protocoles bien ciblés.

A.C. : Dans le domaine de la santé, quelles sont les indications spécifiques à l’hypnose?

I.D. : Il y a de plus en plus de recherches universitaires sur l’hypnose et la santé. Ce qui est bien démontré, c’est que l’hypnose est un outil fabuleux contre la douleur chronique. Il faut dire que le Dr Erickson a été en chaise roulante une bonne partie de sa vie et qu’il a souffert de douleurs pendant très longtemps. Maintenant, il existe des protocoles de gestion de la douleur qui fonctionnent très efficacement et, pour tous ceux qui souffrent de douleurs, il faut essayer l’hypnose, ça ne coûte pas grand-chose et, même si ça ne fait baisser qu’un peu la douleur, les  bienfaits sur la qualité de vie peuvent être immenses ! Et puis, une étude suisse a permis de démontrer que l’hypnose aidait à diminuer les taux de glycémie et était utilisable pour réguler un diabète.

Cela montre que l’impact au niveau de la santé est tout à fait réel, mais je pense qu’il est important de parler d’autorégulation, pas de guérison. Une personne qui sait mieux gérer ses émotions, qui est plus en cohérence avec ses valeurs et ses croyances, qui est moins tendue, qui a moins de conflits relationnels, souffrira probablement moins de problèmes de santé. Quand on est plus à l’écoute de sa vérité intérieure, on est mieux dans sa peau et dans son corps, une harmonie se crée.

Je vous raconte mon expérience personnelle. Il y a une quinzaine d’années, j’ai commencé à voir ma tension artérielle s’élever et j’ai dû prendre des médicaments. Je suis tout à fait prête à prendre des médicaments quand j’en ai besoin mais je n’avais pas envie de les prendre à vie. Mon hypertension était aussi liée au stress, alors j’ai commencé à faire des sessions d’autohypnose. J’avais un appareil pour mesurer ma tension et je la vérifiais avant et après chaque session. De cette façon, de manière très progressive, sur une période d’un an, j’ai diminué mes doses de médicaments et j’ai fini par ne plus en avoir besoin du tout car ma tension était revenue dans les normes. C’est intéressant parce que cela montre que, lorsque les troubles physiques sont reliés à une mauvaise gestion des émotions et à du stress, alors l’hypnose peut être très intéressante puisqu’elle travaille au niveau de l’inconscient et de la psyché.

Il existe beaucoup de protocoles qui ont été développés pour la santé, dont ceux qui agissent sur le microbiote ; on connaît maintenant l’importance de ce deuxième cerveau, on sait que toutes ces bactéries que nous portons gouvernent notre santé. On peut donc leur parler directement en s’adressant à l’inconscient. Des spécialistes, des médecins ont par exemple développé des protocoles sur la santé de l’intestin pour accompagner les problématiques liées au gluten, la maladie de Crohn, etc. De nombreuses études ont démontré que lorsque les gens vivent des sessions d’hypnose, ils consomment moins de médicaments et certains médecins considèrent que toute personne devrait apprendre l’hypnose pour elle-même, pour avoir plus de pouvoir sur sa propre vie et contrôler la gestion des médicaments. Ce n’est pas pour rien que l’hypnose médicale est utilisée dans les centres hospitaliers pour le traitement de la douleur, de l’anxiété et les troubles psychosomatiques. L’intérêt est tant au niveau de la qualité de vie des patients qu’au niveau financier puisque cela diminue les coûts.

Trouver un bon professionnel : les conseils d’Isabelle David

Il faut avoir un peu de discernement car, aujourd’hui, il n’existe pas de processus de certification pour encadrer la profession. Cela commence à se mettre en place mais il faut se renseigner sur la personne que l’on veut consulter, sur la formation qu’elle a suivie. Il y a beaucoup d’écoles qui proposent des formations sérieuses, qui travaillent avec des études de cas, qui font de la supervision, etc.

Donc, renseignez-vous, demandez les références et ensuite faites confiance à votre cœur et à votre instinct. Faites une première session, cela vous permettra aussi de savoir si l’approche vous convient ou pas. Car l’hypnose reste une possibilité parmi tant d’autres, elle peut ne donner aucun résultat pour vous, il faut aussi le comprendre.

https://lapnl.ca

Propos recueillis par Annie Casamayou, Naturopathe, pour le magazine Santé corps esprit, août 2019. Article original disponible sur ce lien : https://www.sante-corps-esprit.com/la-revue/